[L]Nate River{L} || Finie !

#Just a church. #

Les muscles de Johanna Kimblee se relâchaient, petit à petit. Tandis qu’elle s’offrait à cet homme tout vêtu de noir, des soupirs de joie s’échappaient de sa fine bouche maquillée de rouge. Lui, c’était Wolfgang River. Il avait été nommé ainsi à sa naissance car ses parents avaient le désir qu’il devienne un grand compositeur. Sauf qu’il dévoua son corps et son âme à l’église, et que le seul instrument qu’il apprit à jouer, ce fut l’orgue, et encore, avec beaucoup de mal. Bref, à quarante, Wolfgang River était un homme raté. Il prêchait son sermon dans une petite ville de Finlande où la moitié des habitants étaient tous impies et, de plus, n’était pas exempté d’impôts. Wolfgang River s’adonna complètement à Johanna Kimblee, oubliant la culpabilité du péché et ses responsabilités. Elle, c’était une simple fille, sans trop d’importance. Elle était juste joli, et c’était tout ce qui comptait. Elle était pratiquante, mais pas trop, aimait s’occuper de son auberge, mais pas trop non plus. Bref, vous aurez compris qu’elle aimait faire les choses, mais avec beaucoup de modération. La langue de Johanna s’abandonna sur l’un des seins du prêtre lorsque le clocher sonna les douze coups de midi. Avec précipitation, tous les deux se rhabillèrent et retournèrent vaquer à leurs occupations habituelles. Mieux valait ne pas être surpris, mais ce jour-là, ce fut le destin qui leur joua un tour.
Huit mois plus tard, Johanna revint dans l’église. Plus laide, plus grosse, elle avait considérablement changée. Elle se dirigea vers Wolfgang qui écrivait le nouveau sermon puis s’arrêta. Le prêtre leva les yeux vers elle, lentement.
« Mon père, j’ai péché. »
La voix douce de son ancienne amante résonna dans l’église. Les lèvres de Wolfgang se tordirent en une horrible grimace, sa voix se leva et vint heurter la joue de Johanna. Huit mois. Huit mois qui avaient commencé par des vomissements chroniques, et des pleurs. Au début, il s’était tordu les mains à prier pour que la cause de ces vomissements soit autre que celle qu’il croyait être. Ensuite, il avait décidé d’ignorer Johanna, lui ordonnant de ne plus jamais venir le voir, n’osant pas lui demander d’aller avorter. Et oui, car même s’il était un prêtre qui avait péché, il ne pouvait pas se permettre d’ignorer un des principes de l’Eglise. Huit mois qu’il ne l’avait pas vu, et voici qu’elle revenait, plus moche que jamais, son ventre rond comme un ballon qui le narguait.
*Dieu me punit, c’est certain.*
En face de lui, la fille tremblait. De peur de recevoir une autre claque, mais aussi car elle sentait le bébé bouger en elle, et tout son être glisser par ses cuisses. Le sol était mouillé désormais, Wolfgang devrait passer la serpillière. La naissance se déroula difficilement : huit mois de gestation, ce n’était pas assez, et puis, la future maman n’était pas du tout prête ! Toujours est-il qu’environ un quart plus tard, dans un bain de sang, elle tenait le bébé dans ses mains.
« Nate…Occupe-toi de…Nate... »
Et elle lâcha son dernier soupir.

Lorsqu’il vit le jeune garçon, la première réaction du prêtre fut de grimacer : alors qu’il n’était qu’un bébé, des manches blanches pointaient sur sa tête. Dès lors, Wolfgang River fut certain que ce fils tombé d’on ne sait où était une punition divine. Alors il l’éleva, prétendant à quiconque voulait l’entendre qu’il s’agissait d’un enfant adopté par lui au nom d’une association caritative. Déjà, à peine qu’il avait trois mois, le bébé faisait peur. Alors qu’un nourrisson normal apprend à dire ‘Papa’ et quelques syllabes avec beaucoup de mal, lui, connaissait une centaine de mots. Il avait appris à marcher tout seul, le prêtre n’aurait pas su dire à quel âge, et il était rare qu’il s’exprime. Longtemps, Wolfgang l’avait pris pour un handicapé, un enfant précoce même pas capable de communiquer, cependant, il avait l’air de tout comprendre ce qui se passait autour de lui, et, qui sait, peut-être même avait-il compris qui était son véritable père et pourquoi passait-il ses nuits à marmonner de vaines prières ? L’enfant était doué d’une capacité de mémorisation incroyable. Un matin, alors qu’il vaquait à ses occupations habituelles, Nate s’était dirigé vers lui et lui avait sorti oralement deux pages intégrales de la Bible. A deux ans ? Mais où donc cet enfant avait-il appris à lire ? Et où avait-il trouvé cette Bible qu’il avait pris soin de mettre hors de sa portée ?

Nate ne sortait jamais. De cette paroisse, il connaissait les moindres recoins et les moindres cachettes. Dehors, c’était blanc, comme les habits que lui donnait le prêtre : « Pour ne pas faire de contraste avec tes cheveux. », comme le disait-il. Lorsqu’il n’avait rien d’autre à faire, Nate prenait une chaise, grimpait dessus, ouvrait une petite fenêtre et regardait la neige éternelle tomber, tout doucement. Et il n’était pas rare qu’il s’endorme.
Et puis, un évènement arriva ou plutôt, une allégorie. La mort. La mort dont le jeune Nate n’entendait parler qu’à travers des livres fit un détour dans sa vie : en plein sermon, Wolfgang s’écroula, victime d’une crise cardiaque, laissant orphelin une jeune pupille et un village entier. Après l’enterrement du prêtre commencèrent d’interminables discussions quant à savoir qui aurait la charge du gamin presque muet. A la surprise générale, chacun était prêt à offrir ses bons et loyaux services, combien même Nate les effrayait un peu. La femme qui eut sa garde pendant quelques temps s’appelait Katia. D’un naturel un peu rondouillette, elle était très bonne et gâtait beaucoup le garçon. Arrivé dans sa maison, elle lui fit cadeau d’un robot, un robot gris et blanc, un peu comme lui.
« Il s’appelle Yurgh. Tu en prendras soin, n’est-ce pas ? »
« Merci. », répondit calmement Nate.
Mais cet idylle ne dura pas et il fut rapidement envoyé dans un orphelinat de la capitale, avec pour seule compagnie le robot Yurgh. Là-bas, sa vie changea du tout au tout. Alors qu’il était habitué à rester dans le même endroit depuis toujours, on le traînait d’orphelinat en orphelinat : l’enfant attirait des problèmes, il posait les mauvaises questions et puis…il était insociable. Une insociabilité qui lui avait valu les foudres de ses camarades d’école et qui lui rapporta quelques bleus.
Et voilà. C’est ainsi que Nate River sur retrouva face au portail de la Wammy’s House, un orphelinat pas comme les autres, comme lui avait stipulé l’homme qui l’accompagnait. C’était en Angleterre mais cela ne causait pas vraiment de problème à l’albinos : il avait appris l’anglais en même temps que le français, le japonais et le chinois. On le mena dans un bureau où un homme assez âgé avec des lunettes lui parla et lui demanda de faire un test, ce qu’il fit avec zèle. Toujours aussi silencieux, Nate rendit la feuille à Roger qui la regardait non sans cacher un sourire content de lui.
« Tu t’appelleras Near, ici. Tu apprendras que chacun reçoit une nouvelle identité à son entrée et que celle que je viens de te donner sera désormais ton nom. »
Near hocha la tête. Cela lui allait. Il serra un peu plus fort le robot entre ses mains puis suivit le surveillant qui devrait lui montrer sa chambre et le énoncer les règles de l’orphelinat.

Trois ans. Trois qu’il était à la Wammy’s House. Trois longues années qu’il était le successeur officiel et qu’il battait sous toutes les coutures irascible Mello qui le haïssait de tout son être. Near lui, n’avait pas changé depuis qu’il n’était qu’un enfant de chœur. Toujours aussi silencieux, toujours aussi observateur, il raflait sans pitié les meilleurs notes dans le but de devenir L, ce qui ne convenait pas du tout à Mello. Avant que l’albinos n’arrive, le blondin était le premier. Premier en tout, et il s’en vantait sans vergogne. L’arrivée de Near lui avait bien rabattu le caquet, mais malheureusement pour Nate, Mello n’était pas un adversaire aussi facile et pimentait sa vie de surprise : un jour, il découvre que son lit à disparu, l’autre, il sent une odeur bizarre : ce sont ses jouets qui brûlent dans le jardin. Bref, la vie avec Mello était tout sauf ennuyeuse. La vie suivait son cours avec ses inconvénients et ses avantages, lorsqu’un jour, Roger les convoqua tous les deux dans son bureau.

Tandis que Near était accroupi à terre, en train de faire son puzzle, Mello était debout, vêtu de noir comme d’habitude, à côté de lui. La voix de Roger s’éleva :

« L est mort. »

Near, Mello ouvrirent grand leurs yeux. Une micro-seconde passa avant que Mello ne bondisse sur Roger, horrifié. Et puis un petit bruit retentit dans la pièce. Clac. Near plaça la dernière pièce du puzzle sur le plateau, puis le renversa :

« Quand on ne gagne pas un jeu, quand on ne termine pas un puzzle, on n’est rien d’autre qu’un perdant. »

Mello resta muet, toujours aussi horrifié. L…L était leur idéal…L ne pouvait pas mourir, pas comme ça ! Mello refusa de s’unir à lui. Mello partit. Pour presque toujours et lui fonda le SPK, Secret Provision for Kira, afin de le contrer. Et il réussit, peu importe le temps que cette enquête dura. Enfin, Near se retrouvait en face de Light Yagami, aka Kira et assista à sa mort. Il prit alors définitivement la place de L, se chargea des affaires criminelles les plus graves et d’un monde encore ébranlé par le passage de Kira.

*A la fin, c’est toujours la justice qui l’emporte.*
Mais Mello et bien d’autres sont morts. L avait presque raison.

Quelques temps plus tard, dans une salle remplie d'objets électroniques :

Depuis quelques temps, les meurtres par crise cardiaque recommençaient, s'amplifiant de plus en plus. Le nouveau L soupira imperceptiblement. Kira était juste un criminel, comme il l'avait crié à Light avant que celui-ci ne meure. Juste un criminel. Mais tout ceci recommençait.

L'ancien successeur de L prit son micro et se prépara à parler à la télévision, comme l'ancien L l'avait fait quelques années auparavant. Justice will prevail.